mercredi 7 décembre 2011

Les crédits à l’équipement en chute libre


Par Houda Sikaoui   
Lundi, 05 Décembre 2011 10:32

L’essoufflement se confirme. Les créances sur l’économie ont connu certes une progression de 6,4% à fin octobre dernier. Toutefois, il s’agit là d’une mauvaise performance, puisque ces mêmes créances avaient enregistré une hausse de 14,3%. Ce résultat est principalement imputable à la décélération du rythme de progression des crédits bancaires qui enregistrent une évolution de 7% contre 10,3% à la même période de 2010. Quelle explication donner à ce mauvais résultat ? La lecture de l’évolution des créances diverses sur la clientèle fait ressortir une baisse de 4,1%, alors que celle-ci avait enregistré une hausse de 11,8% sur un glissement annuel. Ceci étant, le fait le plus marquant dans les données publiées par la banque centrale concerne les crédits à l’équipement, principalement destinés au financement des investissements des entreprises. Cette catégorie marque en effet une décélération notable, son taux d’accroissement passant de 17% à 2,8%. L’effet de la crise conjoncturelle et du manque de liquidités au niveau des banques se fait bien sentir. S’agit-il de frilosité des banques ou bien de réticences des entreprises à investir ? Pour y répondre, il suffit de se référer à la publication du mois d’octobre de l’Observatoire de l’entrepreneuriat (ODE).
Dans son enquête auprès des patrons, effectuée auprès d’un échantillon de 500 grandes entreprises marocaines, l’ODE révèle un moral des patrons plutôt en berne (cf www.lesechos.ma). Aujourd’hui, ce constat coïncide parfaitement avec la période retenue dans les statistiques de BAM, puisque la conjoncture économique est restée dépendante de plusieurs échéances et incertitudes internationales, notamment concernant le prochain gouvernement, et surtout la loi de finances 2012. Ce manque de visibilité maintient les investisseurs dans une véritable situation de latence. Ils ne sont que 55% à envisager une évolution de leur activité avec certitude, selon l’ODE, et les intentions d’investissement restent au plus bas depuis 2008. Dans cette logique, Bank Al-Maghrib, dans sa propre enquête de septembre, expliquait ce manque de visibilité dans l’économie marocaine par le contexte économique international, notamment celui des principaux partenaires commerciaux du pays. Toutes les données restent à ce jour valables. La crise de la dette souveraine dans plusieurs pays de la zone euro se poursuit. La situation de la dette souveraine américaine reste pour le moins inchangée malgré le consensus trouvé. En glissement annuel, le rythme de croissance du crédit bancaire s’est limité à 2,5% dans la zone euro et à 0% aux États-Unis. Ceci explique donc ce résultat peu satisfaisant qui a été enregistré par les créances sur l’économie au Maroc. Par ailleurs, les statistiques monétaires à fin octobre font ressortir une baisse de la monnaie scripturale.
Cette situation a eu comme conséquence directe la quasi-stabilisation de l’agrégat M3, chiffré à 930,1 milliards de DH. Durant ce mois-là, la monnaie scripturale a accusé un repli de 1,4% suite à la baisse de 1,6% des dépôts à vue auprès des banques. «Ces derniers sont revenus à leur niveau du mois d’août 2011 après la hausse enregistrée en septembre», note-on auprès de BAM. De son côté, la circulation fiduciaire a enregistré une croissance de 1,3% alors que les autres actifs monétaires se sont accrus de 1,5%, suite à l’augmentation des titres d’OPCVM monétaires, atténuée par la diminution des dépôts à terme auprès des banques. En ce qui concerne les sources de création monétaire, les créances nettes sur l’administration ont connu une hausse de 6,3%, directement impactée par l’augmentation de 7,6% des bons du Trésor, détenus actuellement par les banques. Il y a lieu également de souligner que les avoirs extérieurs nets se sont inscrits, lors de la même période, en baisse de 6,9%, en raison de la diminution de 7,4% des avoirs de la banque centrale. Quant aux créances nettes sur l’administration centrale, elles ont enregistré une hausse de 21,4%, attribuable à l’augmentation du recours de l'administration centrale aux autres institutions de dépôts.

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