mercredi 14 décembre 2011

Des chantiers de la Vision touristique 2020 freinés par la conjoncture politique

La mise en place du Conseil stratégique national et des Agences de développement touristiques accusent du retard. La création du fonds Wessal avec les pays du Golfe constitue toutefois un grand pas dans la concrétisation de la vision.

Cela fait un an que le contrat programme national définissant la nouvelle stratégie pour le tourisme à l’horizon 2020 a été rendu public. Cette stratégie, très ambitieuse et s’inscrivant dans la droite ligne de la vision 2010, devait consacrer le secteur du tourisme en tant que véritable locomotive économique.
La grande question que se posent les spécialistes du tourisme est de savoir ce qui a été réalisé en un an. Selon de nombreux observateurs, les chantiers n’ont pas vraiment avancé comme prévu. En effet, à l’exception du fonds d’Investissement Wessal de 23 milliards de DH récemment créé avec les fonds des pays du Golfe, qui sera d’ailleurs d’un grand apport pour la stratégie annoncée, les autres chantiers ont pratiquement fait du sur - place. Il faut reconnaître, cependant, que du travail a été accompli pour faire avancer le chantier des stations Azur, grâce particulièrement à l’implication des investisseurs nationaux, publics et privés.
En revanche, le chantier qui a le moins avancé est celui de la création des Agences de développement touristique (ADT) au niveau des 8 régions touristiques. Ces agences devaient voir le jour et remplacer, d’une certaine manière, les Centres régionaux du tourisme (CRT) qui ont montré leurs limites en raison notamment du peu de moyens dont ils disposent. Sur ce plan, la Vision 2020 prévoit justement que des contrats programmes régionaux devaient être signés dans un délai d’un an avec les 8 territoires touristiques identifiés. Or, la signature de ces contrats qui devaient, entre autres, consacrer les ADT comme des organes de gouvernance locaux, reste suspendue à la promulgation d’un cadre juridique (loi) qui n’a pas encore vu le jour. Ladite loi devait aussi signer la création d’un Conseil stratégique national, c’est-à-dire un organe de gouvernance au niveau central.

Le découpage des régions touristiques critiqué par certains politiques
Du coup, aucun contrat programme régional ne pouvait être signé, explique un professionnel. Mais, ajoute-t-il, il ne faut pas incriminer l’administration pour cela, car le secteur privé lui - même, qui est censé participer à cette gouvernance, est dans un état qui ne lui permet pas d’aspirer à jouer un rôle conséquent au niveau régional. Les fédérations régionales du tourisme, prévues pour représenter le secteur privé au sein de ces ADT, sont encore en cours de gestation. Pour résumer, l’avancement de ce chantier des ADT s’est limité à quelques rencontres et consultations entre les instances du ministère du tourisme et les responsables au niveau de certaines régions (élus locaux, autorités et représentants du privé). Par ailleurs, il faut également signaler les critiques qui ont été formulées par certains responsables politiques estimant que les régions touristiques doivent correspondre aux régions  administratives, ni plus ni moins, et ce, pour plus de simplicité dans la gestion des futures ADT.
Sur ce chapitre, il faut rappeler que le chantier de la régionalisation avancée n’a pas encore débouché sur la promulgation d’une loi organique qui consacrera la mise en place des nouvelles régions.
Selon certains professionnels, les chantiers de la Vision 2020 ont été aussi freinés par les événements politiques de cette année, notamment le printemps arabe, et ses conséquences sur le paysage politique national (nouvelle Constitution, élections anticipées), mais aussi l’attentat de Marrakech (Argana) qui a fait que les responsables du secteur du tourisme se sont trouvés avec d’autres chats à fouetter.
Peut-être que la création des ADT au niveau des régions devra encore attendre les prochaines élections communales et régionales de 2012.


Initiative : Déjà une première rencontre entre les opérateurs de Marrakech et le PJD

Les membres du CRT de Marrakech n’ont pas perdu de temps. Dès lundi 5 décembre, ils ont organisé une réunion de travail avec les nouveaux députés du PJD de la région de Marrakech, une dizaine au total dont 6 ont répondu présent à cette réunion. Plusieurs questions ont été passées en revue dont celle relatives à la vente de boissons alcoolisées dans la première destination touristique du Royaume. Selon une source présente à la réunion, les députés du parti ont montré une grande capacité d’écoute sur toutes les questions soulevées par les professionnels. Ces derniers ont par ailleurs demandé à ce que le budget consacré par l’ONMT à la promotion de la ville ne soit pas réduit en 2012, mettant en avant le développement de la capacité litière qui devrait atteindre les 80 000 lits dans les 3 années à venir, ce qui permettrait de créer de nouveaux emplois si le taux de remplissage des hôtels revient aux environs de 60%.


Mohamed Moujahid. La Vie éco
http://www.lavieeco.com/
2011-12-14

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