Qu'est-ce que le crédit carbone? Quels secteurs sont concernés par ce nouveau marché né de la lutte contre le réchauffement climatique? Quelles sont les opportunités qu'offre ce marché au Maroc? Laïla Mikou, directrice investissement du Fond Capital Carbone à CDG Capital, donne des éléments de réponses.
Comment le Maroc peut-il bénéficier des crédits carbone?
Dans le cadre du protocole de Kyoto, les entreprises issues de pays en voie de développement, peuvent si elles le souhaitent, faire des projets pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Elles reçoivent en contrepartie de cet effort des crédits carbone qui sont reconnus par les Nations Unies et qui ont une valeur marchande cotée sur des bourses spécialisées.
Ainsi, si l’ONE fait le choix de produire de l’électricité à partir de l’énergie éolienne au lieu de l’énergie thermique issue du charbon, elle bénéficie de ces crédits carbone à condition que son projet soit enregistré auprès des Nations Unies.
Comment intervenez-vous au sein du Fonds Capital Carbone Maroc?
Le Fonds Capital Carbone Maroc agit en tant qu’intermédiaire entre les entreprises marocaines qui vont générer ces crédits carbone et les entreprises européennes à la recherche de ces crédits carbone pour compenser leurs émissions.
Quels sont les secteurs cibles?
Le FCCM opère dans les secteurs suivants: énergies renouvelables, gestion des déchets et efficacité énergétique.
Décrivez-nous un exemple de transaction que vous avez signée?
Le FCCM a signé en octobre 2010 en syndication avec ORBEO et le Fonds Post 2012 Carbon Credit Fund un contrat d’achat d’environ 2 millions de tonnes sur la période 2011-2018, relatif au projet éolien de Tanger de 140MW de l’ONE.
Le contrat a prévu également la prise en charge par les acheteurs de tous les frais de développement en vue d’enregistrer le projet auprès des Nations Unies.
Cette procédure est longue car elle implique de passer par plusieurs étapes: rédaction du document descriptif de projet, validation par des auditeurs mandatés par les Nations Unies et enfin enregistrement du projet par les Nations Unies. A souligner que le coût de cette procédure est d’environ 100.000 euros.
Quels sont les défis rencontrés?
De manière générale, le marché du MDP au Maroc est encore à ses prémices. Seuls 7 projets ont été enregistrés à ce jour auprès des Nations Unies dont 2 génèrent aujourd’hui des crédits carbone.
Etant donné la lourdeur de la procédure MDP, je pense que l’un des facteurs clés de la réussite d’un projet MDP est la mobilisation de compétences multiples: techniques, financières, de management de projets et juridiques.
Le cadre réglementaire incertain à l’issue de la première période d’engagement du protocole de Kyoto qui se termine le 31/12/ 2012 constitue également un défi majeur.
Quelles opportunités dans ce secteur dans les prochaines années?
Depuis l’entrée en vigueur du décret d’application de la loi 13-09 dérégulant le marché de l’électricité issue des énergies renouvelables, plusieurs opérateurs privés investissent le marché de l’éolien et du solaire.
Ainsi, le Maroc a lancé le programme intégré de l’énergie éolienne de 2GW à l’horizon 2020 visant à mettre en valeur le potentiel des régions avec une vitesse de vent de plus de 9m/s sur la côte méditerranéenne et la côté Atlantique.
De même, MASEN a été créée avec pour mission de concrétiser un programme solaire de 2GW à l’horizon 2020 dans les régions de l’est et le sud du pays. A cela s’ajoute l’initiative Desertec dans le solaire, qui a choisi le Maroc pour lancer son premier projet de 500 MW.
Enfin, le Fonds d’Equipement Communal avec l’appui de la Banque Mondiale, vise, dans le cadre du PNDM (Plan National des Déchets Ménagers) à professionnaliser le secteur en mettant en œuvre des projets de décharges contrôlées.
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