Le calendrier lunaire qui fait coïncider le ramadan avec l'été, les aspirations à la démocratie dans certains pays arabes et l’attentat terroriste perpétré à Marrakech, autant d'événements qui ont porté un sérieux coup de frein au tourisme. Des chiffres de juillet, il ressort que l’impulsion donnée par le lancement de la vision 2020 a été contrariée. Mais à la Fédération Nationale du Tourisme, l’humeur se veut sereine. Un comité de suivi de crise vient d’être mis sur pied.
Le secteur du tourisme ne semble pas connaître de répit. Après la crise économique de 2009 durant laquelle les clients habituels du Maroc ont moins dépensé d’argent pour leurs loisirs, c’est au tour du printemps arabe, du ramadan qui coïncide (et qui coïncidera encore pour quelques années) avec la haute saison et de l’attentat contre le café Argana de Marrakech, de venir contrarier les calculs des professionnels.
De l'euphorie à la déprime
Cependant, les baisses enregistrées au niveau des arrivées et des nuitées ne sont que relatives, de l’avis de Mohamed Saïd Tahiri, directeur général de la Fédération Nationale du Tourisme (FNT):
“J’aimerais rappeler que nous avons démarré une excellente année 2011 grâce au contrat programme signé en novembre 2010 devant SM le Roi lors des assises du tourisme. Les deux premiers mois de 2011 ont été euphoriques. Nous avions alors enregistré des progressions des arrivées de +13%, de +14% pour les nuitées, + 4 points du taux d’occupation, +7,3% des prospects touristiques… ”
MOHAMED SAÏD TAHIRI, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DU TOURISME
Mais l’Histoire prend parfois des tours inattendus…
Puis vint le printemps arabe
Avec la Vision 2020, présentée au Roi en novembre 2010 par Yassir Znagui le ministre du Tourisme et de l’artisanat, le Maroc compte attirer 20 millions de touristes par an et se classer parmi les 20 premières destinations mondiales. Les chiffres du mois de juillet avancés par la FNT montrent que le chemin reste long et semé… d’inconnues: “(…) le volume des arrivées aux postes frontières a atteint 5,8 millions, enregistrant une évolution de +3,4% par rapport à l’année dernière (…). Les nuitées totales enregistrées dans les établissements classés, jusqu’à fin juillet 2011, ont baissé de -2,4%”.
Ces statistiques font dire au directeur de la FNT que la croissance du tourisme traverse une crise mais n’est cependant pas en récession: “Nous nous attendons à une année difficile et nous restons sereins car nous travaillons sur le long terme qu’est la vision 2020”.
Un comité de veille mis sur pied
À l’image du comité de veille stratégique, créé en 2009 afin de soutenir les différents secteurs économiques exportateurs, un comité similaire vient d’être mis sur pied pour suivre l’évolution de la crise du tourisme. À cette exception près qu’il n'est pas question, pour l’heure, de demander des subventions à l’État.
Ce comité, appelé à se réunir à la mi-septembre, est composé par le ministère de tutelle, de la FNT, de l’observatoire du tourisme et de l’Office National Marocain du Tourisme: “la mission de ce comité est d’analyser la tendance de la situation et d’évaluer l’importance de la crise. Les mesures que nous proposerons seront proportionnelles à la gravité de la situation”, affirme Mohamed Saïd Tahiri qui dit lancer un appel au secteur bancaire afin qu’il continue à accompagner le tourisme vu son caractère économiquement porteur: “nous comptons au Maroc 1.450 sources touristiques encore non exploitées”.
Ramadan: la diète imposée
Pour mesurer l'impact du mois de ramadan qui coïncidera pour les huit prochaines années avec l'été, la FNT a initié en 2010 l'analyse des détails de la tendance des nuitées et des arrivées. Les statistiques qui suivent concernent donc l'année précédente, celles de cette année étant en cours d'élaboration. Il est dit dans ce document que “l'analyse des arrivées aux hôtels montre clairement un renversement de la tendance à partir de la 2ème quinzaine du mois d'août (+1% sur la première quinzaine contre -28% sur la deuxième quinzaine). L’effet de ramadan a été plus marqué au niveau du tourisme interne dont le repli au cours de la 2ème quinzaine a été de -45%, participant ainsi à hauteur de -30% à la baisse des nuitées totales de ce mois-ci.”
Baisse des dépenses, méconnaissances des us
Le document de la FNT montre qu'il y a baisse de la dépense moyenne par touriste et par séjour. Cette baisse concerne surtout les services hors hébergement (restauration, bar/café, animation et shopping).
Par ailleurs, deux problèmes ont été soulevés par les touristes étrangers en visite à Marrakech ainsi qu'à Agadir, à en croire la FNT: les horaires d’ouverture inhabituels des restaurants et des magasins (33% des touristes interrogés soulèvent ce problème à Agadir contre 39% à Marrakech) et le manque d’information sur les coutumes et les traditions relatives au mois sacré (13% à Agadir et 15% à Marrakech).
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