UN TRIDENT DE CHOC: PHOSPHATE ET DÉRIVÉS, AUTOMOBILE ET AÉRONAUTIQUE
MAIS LE POIDS CROISSANT DES SERVICES RÉVEILLE LES CRAINTES DE LA DÉSINDUSTRIALISATION
A l’image des économies émergentes, les services sont en train de prendre le dessus sur l’activité industrielle dans la composition du PIB. La part de la valeur ajoutée de l’industrie est tombée à 14%. En dix ans, elle a reculé de 2 points. Le développement spectaculaire des télécommunications et de l’écosystème qui gravite autour, celle de l’industrie financière ou l’explosion du tourisme et de la promotion immobilière, ont chamboulé la structure du produit intérieur brut. Entre-temps, les piliers historiques de l’industrie ont connu des fortunes diverses. Le textile-habillement avec ses 230.000 employés (selon les estimations des opérateurs) s’essouffle depuis une dizaine d’années et peine à augmenter sa valeur ajoutée et ses exportations. Au vieillissement de son modèle économique, s’est ajouté le désinvestissement progressif au profit de la promotion immobilière beaucoup plus rentable. Faute d’une filière amont qui lui garantisse l’approvisionnement en matières premières à prix compétitifs, ce secteur, comme le cuir où le Maroc disposait d’un avantage comparatif certain, n’a pas su monter sur la chaîne de valeur. Excepté quelques cas isolés, peu d’entreprises ont vraiment réussi à innover, en créant des marques propres et sortir du schéma de la sous-traitance des années soixante. L’autre valeur sûre, l’industrie de transformation des produits de mer, elle, a gardé le gros de sa base, mais elle pâtit d’un manque d’anticipation et de problèmes récurrents de matières premières. Et il faut le souligner, de l’incapacité de ses opérateurs à renouveler l’outil de production et à adopter des méthodes modernes de gestion. Au final, un trio d’activités tient aujourd’hui le leadership industriel du Maroc. Le phosphate et dérivés, grâce auquel la balance des paiements ne s’est pas effondrée. Cette industrie dans laquelle le Maroc détient un incontestable leadership international est l’exemple-type de la stratégie de création de valeur ajoutée. Pour garder ses positions mondiales et valoriser encore plus ses produits, l’OCP a tissé un réseau de partenariats industriels avec des acteurs à l’expertise reconnue sur le plan mondial. En misant sur la technologie et de par son rang de premier producteur mondial de phosphate, cette entreprise a su garder l’initiative en matière des prix, seule manière de préserver ses intérêts (et sa capacité bénéficiaire). La deuxième activité est l’industrie automobile, la seule à s’être dotée historiquement dans les années quatre-vingt d’une véritable politique de long terme.http://www.leconomiste.com
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