lundi 6 août 2012

Kamal Oudrhiri, chef de l’équipe Radio Science de la NASA "Je serai la première personne à confirmer l’atterrissage de Curiosity sur Mars"

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A quelques heures de l’atterrissage à la fois historique et très risqué du robot Curiosity sur la planète Mars (lundi à 05h31 GMT), les équipes de la NASA en charge du projet Mars Exploration Rover retiennent leur souffle. Le Marocain Kamal Oudrhiri, à la tête de l’équipe Radio Science de la NASA chargée du suivi de Curiosity, qui aura l’honneur d’annoncer au monde l’atterrissage du robot sur Mars, explique les enjeux de cette mission cruciale.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques heures de l’atterrissage risqué de Curiosity sur Mars ?
Je n’ai jamais été aussi stressé de toute ma carrière, pourtant j’ai travaillé sur plusieurs missions d’exploration mais aujourd’hui, tous ceux qui travaillent sur cette mission ont davantage de pression parce que le risque est plus élevé.
C’est une responsabilité immense : pour rassembler les instruments nécessaires à la mission, il a fallu mutiplier la taille du robot par 5, alors que quand on multiplie la masse d’un robot par 2, on multiplie les risques par 100.
On n’a pas droit à l’erreur. Il faudra passer en 7 minutes de 21.000 km/h à 0 km/h pour réussir l’atterrissage. On est en train de lancer un nouveau système d’atterrissage, or il faut savoir que 60% des missions sur Mars ont échoué jusqu’ici.
Cette expérience nous permettra d’élaborer un système d’atterrissage pour un vol habité sur Mars.
Qu’arriverait-il en cas d’échec ?
Un échec ralentirait nos efforts pour l’exploration de la planète Mars. Il faudrait repartir sur de nouvelles bases. Mais je reste optimiste.
Qu’attendez-vous des découvertes de Curiosity ?
Curiosity est une mission sur laquelle travaillent des biologistes, des chimistes et des géologues. Avec les robots Opportunity et Spirit, on a découvert qu’il y aurait eu des traces d’eau à l’état liquide ou de glace sur Mars dans le passé.
Une fois l’atterrissage réussi, on va faire un check-out (vérification). On a choisi le cratère Gaèle parce qu’il abrite des sédiments qui se sont formés sur 5 km de hauteur. En remontant ces couches de sédiments, on retracera l’histoire de Mars. C’était la pièce du puzzle qui nous manquait et qui permettra d’étudier le climat et l’histoire géologique de Mars sur au moins 6 millions d’années.
Quel est votre rôle dans la mission de Curiosity ?
Je suis à la tête de Radio Science, l’équipe qui détecte les signaux du robot. On utilise des récepteurs sensibles qui permettent de suivre les robots quand ils traversent différentes planètes au cours de leur voyage.
Je serai la première personne à confirmer si l’atterrissage de Curiosity a réussi.
Une fois que le robot sera sur Mars, je participerai également aux différentes expéditions de Curiosity.
Pourquoi avoir choisi Mars et pas une autre planète ?
La planète Mars n’est pas très loin du Soleil ni très proche. Il y a des chances qu’on y trouve de l’eau. Il y a beaucoup de ressources et de minéraux. L’objectif à terme est d’établir une « colonie » sur Mars qui pourra être indépendante.
Avec la crise économique, le timing de cette mission, qui a coûté plus de 2 milliards de dollars, est-il bien choisi?
Le projet a coûté exactement 2,5 milliards de dollars. C’est un projet important pour l’humanité car il permettra d’explorer Mars et notre système solaire. Si on a peur de l’échec, on n’avance pas. Ces 2,5 milliards de dollars sont justifiés. On n’a pas le choix, l’être humain a l’exploration dans son ADN.
Propos recueillis par Kisito Ndour
www.aufaitmaroc.com

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