lundi 6 août 2012

DÉLAIS DE PAIEMENT UN TROU DE 60 MILLIARDS DE DH POUR LES BANQUES


LE DÉFICIT DE LIQUIDITÉS DU SYSTÈME ATTEINT DES SOMMETS
LEUR CAPACITÉ À OCTROYER LES CRÉDITS OBÉRÉE
UNE SORTIE À L’INTERNATIONAL PLUS QUE JAMAIS NÉCESSAIRE
Les problèmes de trésorerie des PME sont bien partis pour durer. Il n’y a qu’à voir le niveau du déficit de liquidités bancaires qui a atteint des sommets (plus de 60 milliards de DH à fin juin - cf. L’Economiste du 16 juillet 2012) pour s’en rendre compte. Les banques elles-mêmes ne trouvent plus le cash nécessaire pour financer l’économie. Elles se retournent donc vers les marchés financiers et Bank Al-Maghrib pour assouvir leurs besoins. D’ailleurs, la dernière intervention d’hier de l’institut d’émission fait état d’une mise sur le circuit d’un montant de 56 milliards de DH représentant quasiment la totalité de ce qu’elles demandaient. Cette pression sur les trésoreries bancaires se répercute mécaniquement sur celles des entreprises. En dépit de la progression, à fin juin, des crédits de trésorerie et des facilités de caisse de 10%, bon nombre de sociétés (notamment celles sondées par L’Economiste) sont au bord de l’asphyxie. Bank Al-Maghrib a beau mettre en place des instruments pour faciliter l’accès au financement des TPE/PME, comme notamment la suppression du collatéral pour les banques qui allouent 25% de leurs engagements à cette catégorie d’entreprises, rien n’y fait. La mesure, semble-t-il, n’a pas encore eu les effets escomptés. La dernière enquête de conjoncture de BAM a, d’ailleurs, pointé les difficultés de trésorerie rencontrées par les industriels. Dans l’ensemble des branches, les problèmes de cash persistent. Ils sont, principalement, attribuables aux difficultés de recouvrement.   
En attendant, l’aggravation du déficit de liquidités obère quelque peu la capacité des banques à financer l’économie. Ce qui pourrait aussi arranger au mieux le déficit de liquidités est l’assouplissement des conditions de crédit, dans le cadre d’une politique monétaire expansionniste, une démarche déjà entamée par BAM. Dans un contexte de maîtrise de l’inflation et d’un repli de l’activité économique, BAM pourrait revoir à la baisse le taux directeur de 3 à 2,75%. Ce qui aura le mérite de relancer la machine du crédit pour les entreprises notamment. Entre-temps, les banques seront confrontées à plusieurs facteurs restrictifs qui maintiendraient la pression sur le système dans les semaines et mois à venir. Le paiement du deuxième acompte de l’IS et l’accélération du rythme de levée du Trésor ne manqueront certainement d’assécher les trésoreries. Le paiement des dividendes en faveur des actionnaires étrangers des sociétés cotées également, auquel il faut ajouter le règlement des produits de monopole et participations de l’Etat, sans oublier la sortie massive de la monnaie fiduciaire compte tenu de la période estivale, Ramadan et l’Aid.
Pour alléger le déficit de liquidités, il faudrait incontestablement recourir à un emprunt international via une émission en Euro bonds ou sur le marché américain. La situation est critique et ça paraît plus que jamais le moment propice pour faire une sortie à l’international.

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