Investissements:Cap sur l'Afrique

Le Centre marocain de conjoncture vient de publier sa dernière note mensuelle dédiée à l'Afrique. Il invite l'économie marocaine à«saisir cette opportunité afin de se diversifier, d'être plus compétitive et de s'immuniser contre les aléas de la conjoncture».

Au moment où « l'Afro-scepticisme» ayant régné pendant des années semble progressivement se dissiper, la stratégie marocaine d'intégration économique en Afrique peine encore à trouver la place qui lui convient. A l'origine de ce constat, le Centre marocain de conjoncture (CMC), dans sa dernière publication dédiée à l'Afrique. Beaucoup d'efforts en matière commerciale ont certes été déployés ces dernières années, mais ils ne se sont pas traduits par une amélioration du volume des échanges. Sans parler des flux d'investissements qui « demeurent encore insuffisants».

Les exportations marocaines à destination du marché africain ne représentaient en 2009 que 6% du total des ventes à l'étranger. Les conjoncturîstes expliquent cette '«faible pénétration» par l'existence de régimes commerciaux fortement restrictifs dans ces pays, ainsi que par l'inadaptation des produits marocains à la demande africaine. Il est également question de souligner que le marché africain se caractérise par plusieurs spécificités, auxquelles les entrepreneurs marocains n'arrivent pas toujours à s'adapter. Plus simplement, ce marché a besoin de solutions clés en main. Plus encore, les investissements étrangers sont « appelés â s'inscrire dans la dynamique de développement des pays d'accueil qui implique le déploiement d'importants efforts dans l'amélioration des infrastructures de base, la diversification du système productif et la promotion de nouvelles activités industrielles, commerciales et de services », notent les chercheurs ; chose parfaitement comprise par bon nombre de pays émergents comme l'inde ou la Chine. Ce qui prouve d'ailleurs la forte présence des Chinois dont les exportations vers l'Afrique ont été multipliées par 10 entre 2000 et 2008, pour se situer à 100 milliards de dollars.
Le laboratoire de recherche marocain parle déjà de la « Chinafrique »et invite l'économie marocaine à «saisir cette opportunité pour se diversifier, devenir plus compétitive et s'immuniser contre les aléas de la conjoncture».Tout en pointant du doigt la politique commerciale marocaine qui « devrait être dynamisée davantage».

Certes , «l'instabilité politique» et la «mauvaise gouvernance» restent les traits caractéristiques du continent africain, comme le prouvent les soulèvements actuels, en Côte d'Ivoire par exemple, et le commerce de lAfrique demeure « volatil et procyclique ». Toutefois le CMC voit, dans ce cadre de coopération, Sud-Sud une opportunité plus qu'un choix. Avec à la clef, les atouts socioculturels du Maroc, sans compter son appartenance au même espace géographique. Cela prend tout son sens, surtout dans le contexte actuel de forte instabilité », est-il souligné.

Cette orientation s'avère d'autant plus stratégique avec le voisinage sub-saharien. Sur ce chapitre, il est utile de mentionner que la dynamique des flux d'investissements marocains en Afrique subsaharienne a connu ces dernières années une consolidation assez remarquable. Ces flux se sont chiffrés à 360 milliards de dirhams en 2009, soit plus de 56% du total des investissements à l'étranger. Au moment où les ventes à destination de cette région ont atteint les 5 milliards de dirhams.

Le soir échos- Publié le 22/03/2011