lundi 25 juillet 2011

Mohammed Chakib Rifi, DG de Dataplus


33 ans et l’audace de l’entreprenariat. Ingénieur issue de l’Ecole polytechnique de Lille, il n’aura jamais été tenté par le salariat. A 22 ans, il crée Dataplus avec 100 000 DH prêtés par son père. Coup de maître : convaincre Olivetti de lui accorder une licence de fabrication d’ordinateurs.
Mohammed Chakib Rifi
On oppose souvent le sens des affaires et l’épaisseur intellectuelle. Pourtant, nombre d’hommes d’affaires allient les deux et parfois même une grande adhésion aux valeurs morales universelles. Mohammed Chakib Rifi, dg de Dataplus, jeune entrepreneur bourré de talent et très déterminé quand il s’agit de concrétiser les bonnes idées, en est un. Cet ingénieur qui n’a jamais été salarié est né en 1977, à Fès, alors que ses parents sont encore étudiants. Pur produit de l’école publique, il fera un parcours sans faute et obtient son Bac, à 17 ans, au lycée Moulay Abdallah de sa ville natale. Bien sûr, il a eu ses moments de révolte de jeune ado puisqu’un jour il est allé trouver son père pour l’informer qu’il a «décidé d’arrêter ses études car c’est plus simple d’être commerçant». Heureusement qu’il s’est ravisé tout seul. Après le Bac, une fois tenté par des prépas en France dont sa maman ne voulait pas entendre parler à cause de son jeune âge (il avait à peine dix-sept ans), il s’est rabattu sur l’Ecole supérieure de technologie (EST) de Fès pour des prépas ouverts à l’époque aux titulaires d’un Bac technique. Au bout de deux ans, il s’inscrit à l’Ecole polytechnique de Lille. La première année fut dure, mais tout ira bien par la suite. Son mémoire de fin d’études est consacrée à «la simulation de la consommation énergétique dans les environnements informatiques». Durant cette troisième année d’études, il s’était rendu au Canada dans le cadre d’un partenariat que son école noue avec d’autres universités.
Dirigeant de société dès l’entame de sa vie active
Lorsque Mohammed Chakib Rifi revient au pays, il ne sait pas que, non seulement son retour est définitif, mais que ce sera le début d’une belle aventure dont il ne pouvait pas mesurer les développements. En effet, son père venait de créer une entreprise avec des associés et il voulait le voir la diriger. Nous étions en 1999. Le jeune se plie à sa volonté, mais au bout de quelques semaines il en arrive à la conclusion que le business n’allait pas tenir et persuade son père d’en retirer ses sous. Las ! Il décide de créer sa propre entreprise, Dataplus, qui veut opérer dans les domaines de l’informatique et des télécommunications. Mais ce fut là un petit embryon de société logée dans un petit local d’à peine 50 m2 plus une soupente. Il va avoir la brillante idée de chercher un stage et lorsque Samsung lui propose une formation de 15 jours en Corée devant lui coûter 45 000 DH, il n’hésite pas à puiser dans le capital de 100 000 DH que son père lui avait avancé.
Il exporte les machines Olivetti dans toute l’Afrique francophone et dans les pays arabes
Dès son retour, il se met en quête de petits marchés de l’administration. Par chance, Poste Maroc lui propose de configurer son centre d’appels. Il recrute un installateur et programme lui-même le système. Ce marché, un des tout premiers qu’il décroche, lui rapporte 190 000 DH. Malgré cette réussite, il aura du mal à percer car on lui demandera toujours des références. Par la suite, Dataplus deviendra le premier fournisseur de l’université. En 2001, c’est à peine s’il réussit à dégager un chiffre d’affaires de 4 MDH. Mohammed Chakib Rifi va avoir une chance de jouer dans la cour des grands après des contacts noués avec les patrons d’Olivetti. D’abord, ils ne sont pas très enthousiastes car leur projet est de faire de l’Egypte la tête de pont vers le Moyen-Orient. Puis en 2005, ils acceptent son business plan, mais ne veulent pas mettre un sou dans le projet, à part leur aide logistique en tant que franchiseur. Mohammed Chakib va foncer pour réunir les fonds et recourt à un crédit moyen terme pour mobiliser 6,5 MDH pour construire l’unité de Dataplus dans la zone industrielle de la Chambre de commerce française de Casablanca. A partir de 2006, le rythme s’accélère progressivement pour atteindre aujourd’hui 20 000 unités.
Dataplus ne se contente pas de fabriquer et de distribuer des PC Olivetti au niveau régional. Elle commercialise aussi d’autres marques d’ordinateurs (HP, Toshiba, Sony, Samsung…) et des équipements informatiques et de télécommunications qui représentent 70% de ses ventes.
L’entreprise est boostée par des marchés comme Génie 2 dont elle revendique 60%. Mohamed Chakib Rifi a aussi sa propre marque déposée, mais il attend son heure pour sa commercialisation. En attendant, il exporte déjà de petites quantités en Algérie, au Gabon, au Mali, au Sénégal, au Tchad et même en Arabie Saoudite ou encore en France.
Mais cela représente encore à peine 5 à 10%, selon les années, de l’ensemble des ventes. Et, explique-t-il, sur le processus comme sur la qualité, les produits fabriqués par Dataplus, certifiée ISO 9001-2008 en 2009, ne doivent rien aux meilleurs. D’ailleurs, ce n’est pas rien que sur certaines gammes la garantie peut courir jusqu’à cinq ans. Les années difficiles sont donc loin. Pour preuve, la société, dont la marge de progression reste intéressante, a réalisé un chiffre d’affaires de 80 MDH en 2010 et s’est récemment lancée dans un projet de fabrication de téléphones portables made in Morocco (cf : www.lavieeco.com).
Malgré son tempérament de gagneur, Mohamed Chakib Rifi est aussi un altruiste qui aime faire partager son expérience. Membre actif du Centre des jeunes dirigeants (CJD), association qui œuvre pour l’amélioration des conditions favorisant la création et le développement des entreprises, il vient d’être élu président de la section de Casablanca pour un mandat de trois ans. A seulement 33 ans, il a déjà l’étoffe des grands entrepreneurs.
Mohamed El Maâroufi. La Vie éco
www.lavieeco.com
2011-07-25

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