Par Dominique Malecot | 01/10 | 07:00
Depuis 2009, le cabinet Trandeo recense une quarantaine de projets chinois en France, mais le rythme ralentit. Certaines sociétés ont du mal à concrétiser leurs investissements, tant du fait de la crise qui pèse sur leurs finances que d'un manque de préparation.
Du chambertin au contre-plaqué en passant par les
moteurs Diesel, les Chinois s'intéressent à tout. Avec des fortunes
diverses, liées souvent aux difficultés des entreprises reprises. L'une a
dû se dégager de Plysorol avant la liquidation, mais Moteurs Baudouin a
embauché une cinquantaine de personnes depuis sa reprise, en 2009, par
Weichai Power. Dans la Vienne, le centre européen de formation et de
support technique du géant chinois de téléphonie mobile ZTE avance. La
première tranche de 10.000 mètres carrés de bâtiments, au Futuroscope,
sera livrée fin décembre. Un investissement de 30 millions d'euros sur
une enveloppe globale de 80 millions. ZTE emploie déjà une cinquantaine
de salariés sur place depuis 2006. A terme, le site devrait accueillir
plusieurs milliers de personnes. Depuis 2009, le cabinet Trendeo recense
ainsi une quarantaine de projets chinois en France censés se traduire
par près de 2.000 emplois, mais le rythme ralentit.
Services mutualisés
La France n'intéresse pas uniquement les grands groupes chinois. « La Chine est déterminée à épauler ses PME sur le marché international pour soutenir la croissance », explique
You Zhengquing, délégué général de la Casme. Cette organisation, qui
aide des PME de mécanique et d'électronique à l'import-export,
revendique 200.000 adhérents. Elle bénéficie aussi de la politique
chinoise favorable à la création de PME pour fixer les populations
rurales. C'est cette clientèle que visent des projets comme Terra
Lorraine, à Illange (Moselle), porté par un fonds luxembourgeois, ou,
avant lui, celui de Châteauroux (lire ci-dessous). L'idée est de créer
des parcs d'activités, où les PME chinoises peuvent se réunir pour
bénéficier de services mutualisés et s'établir en Europe.
Apprentissage culturel
Ces deux projets laissent plus d'un observateur sceptique. « En
butte aux délocalisations en Corée du Nord et au Cambodge, les petites
entreprises de ma province n'ont plus un sou. Songez que cet été le kilo
de riz y était plus cher que le kilo d'Inox, c'est la crise chez nous
aussi. De plus, l'Etat a fait baisser le prix des terrains pour éviter
une bulle immobilière et cela assèche aussi leurs finances », confie un homme d'affaires.
La crise n'explique pas tout. Pour un spécialiste de l'immobilier d'entreprise, le projet de Châteauroux, « au milieu de nulle part », n'a rien pour séduire ses compatriotes. « Quand
ils viennent, ils se rendent compte que c'est loin de Paris et qu'il
n'y a rien, pas d'industries ni de consommateurs à proximité », poursuit-il.
Plus mesuré, Richard Ma, consultant chez RSM France, admet les
difficultés économiques des PME chinoises, mais évoque aussi un
nécessaire apprentissage culturel. « Ces petites entreprises ne
savent pas qu'un avocat ou un expert-comptable chinois ne peuvent
exercer en France, qu'il faut des autorisations et que tout y est plus
long que chez eux », dit-il. Pour lui, plus difficiles à monter que prévu, les installations de firmes chinoises se feront, mais il faudra d'abord « apprendre à se connaître ».
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